80 ans après l’édition berlinoise de l’ouvrage de Karl von den Steinen « Die Marquesaner und ihre Kunst » 1924, et 108 ans après le passage de ce médecin allemand et anthropologue aux îles Marquises, voici l’Art du Tatouage aux Îles Marquises dans sa nouvelle édition. A partir des dessins réalisés par les tatoueurs marquisiens eux-mêmes et confiés à Karl von den Steinen, les auteurs ont voulu retrouver le nom des motifs de tatouage, leur sens véritable et, passant des mots aux gestes, analyser les styles du tatouage masculin et féminin. Maintenant que ces motifs, devenus tribal et ethnique, sont pillés et galvaudés parce que mondialisés et destinés à vendre les produits du monde moderne, n’est-il pas juste de rendre à l’art du tatouage aux îles Marquises ce qui lui appartient ? Comme tapu ou mana, tatau est l’un de ces extraordinaires mots venus du triangle polynésien à s’imposer si vite dans les langues des grands navigateurs du XVIIIe siècle qu’il en est devenu évident, naturel pour ainsi dire… une raison pour ne pas en oublier les racines ! C’est sous la plume de James Cook, en juillet 1769, du côté de la pointe Vénus à Tahiti que tatau se transcrit en anglais tattow ou tat-tow ; et c’est en 1774, dans l’édition française des Voyages de Cook, que son traducteur, J. B. A. Suard, n’hésite pas à introduire la note suivante à l’entrée du 18 août 1769 du Journal de l’illustre navigateur : “Nous avons cru devoir créer ce mot [tatoués] pour exprimer les petits trous peints que [les Tahitiens] se font sur la peau avec des pointes de bois.”